jeudi 5 juin 2008

Histoire des ponts couverts québecois

Extrait du site de la Société québécoise des ponts couverts (Dissoute en mai 2002)

Les ponts de bois couverts existent depuis plusieurs siècles en Europe. Bien qu'il ne soit pas l'inventeur à proprement parler d'un type de ferme en particulier, Andrea Palladio (1508-1580), architecte italien, fera œuvre de pionnier dans l'art de construire des ponts en abordant le sujet dans ses Quatre livres d'architecture publiés en 1570. Sa notoriété franchira les frontières et son influence gagnera l'Angleterre entre autre. La plupart des concepteurs de ponts couverts qui ont oeuvré en Amérique seront fortement influencés par les principes architecturaux énoncés par cet architecte.
Comme la colonisation du Québec coule de sources européennes, il va de soi que le courant dominant en architecture origine de cette contrée. L'état actuel de la recherche ne permet pas de situer très précisément quand et où a été construit le premier pont couvert au Québec. Des documents affirment cependant qu'un pont couvert a existé au début du XIXe siècle à l'Île-des-Moulins de Terrebonne. Ce pont est décrit en 1833 comme ayant été reconstruit couvert en 1812 de la même manière que le premier. Ces premières structures sont fort complexes, coûteuses et parfois affligées de certains vices de forme. La mise au point de techniques de construction adaptées à nos régions par les William Howe, Ithiel Town, Theodore Burr et autres concepteurs moins connus, permettra de délaisser quelque peu les modèles européens pour permettre le développement de techniques originales.
Certains ponts ont été construits par des entrepreneurs qui se constituaient en compagnie et qui, munis d'une charte octroyée par Québec, se voyaient concéder certains privilèges comme l'exclusivité de la traverse à l'endroit choisi et le droit de percevoir le péage pour rentabiliser leur investissement. Ces ponts étaient généralement situés en des lieux stratégiques et ils étaient des constructions parfois de grandes dimensions. Plusieurs compagnies propriétaires de telles structures ont été victimes de déboires et toutes n'ont pas eu une existence heureuse et prospère. Ces ponts ont été vite décriés par les citoyens qui, une fois l'hiver venu, ne se privaient pas de traverser sur la glace partout où la chose était possible, évitant ainsi d'acquitter les droits de passage.
Assez rapidement, vers 1890 en fait, peu après sa création, le Département de la Colonisation a opté pour le modèle à treillis breveté par Ithiel Town en 1820. On évalue à environ 1000 le nombre de ponts couverts construits au Québec. Tous n'étaient pas du modèle Town. De même, les 1000 ponts n'ont pas tous été visibles à la même époque, mais plutôt dans un laps de temps couvrant environ un siècle et demi. Parfois, 2, 3 ponts couverts ont été construits sur le même site au fil des ans. Le décompte le plus récent fournit des informations plus ou moins complètes pour 866 ponts couverts classiques.
Ces ponts de colonisation, et les autres modèles, ont été construits aux quatre coins de la province. L'Abitibi étant la dernière contrée à avoir été soumise à un schéma d'occupation du sol planifié, c'est dans cette région que nos derniers ponts couverts ont été réputés avoir été construits. Le secteur du Canton Laas a été ouvert à la colonisation alors que le retour à la ville était amorcé. Aux environs de 1958, un pont encore debout, mais en ruines, sur un affluent de la rivière Bell pourrait être le dernier du genre à avoir vu le jour au Québec. Le canton a été délimité, les chemins tracés, les infrastructures construites, mais peu de gens ont habité ce secteur. Ces structures ont également été le prétexte pour fournir du travail aux chômeurs en temps de crise. Quant à leur couleur rouge, bien que le folklore s'en soit mêlé, la politique a très peu à voir avec le choix de la teinte. Il s'agit plutôt d'un type de teinture appelée sang de bœuf, populaire et facilement disponible à l'époque. Au fil des ans, la couleur des ponts a varié selon les modes.
Les cours d'eau à franchir étant d'inégales importances, les ponts à construire étaient adaptés à cette contrainte. Au fil des ans, une structure de 377m (1240'), la plus longue à avoir été construite au Québec à Batiscan, sur la rivière du même nom, a été remplacée. La plus courte également.
La réserve de ponts couverts du Québec compte tout de même un certain nombre de ponts typiques qui ont su défier le temps et qui sont partie intégrante du réseau routier contemporain. Le Québec compte quelques ponts couverts plus que centenaires. Il y a ici également une structure unique au monde, construite en 1861, au-dessus de la rivière Châteauguay.
Autre particularité de ce pont, le modèle McCallum a été développé pour être utilisé comme pont de chemin de fer. Ce qui ne fut pas le cas pour celui-ci.
Qu'il s'agisse de ponts rouges, de ponts de colonisation ou de ponts de la crise, des synonymes qui identifient nos ponts couverts, le phénomène est présent chez-nous depuis plus d'un siècle et demi.

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